Le tour du monde du roi Zibeline - Jean-Christophe RUFIN

Editions Gallimard - collection La Blanche
Parution :  6 avril 2017
384 pages 


Ce qu'en dit l'éditeur :

«– Mes amis, s'écria Benjamin Franklin, permettez-moi de dire que, pour le moment, votre affaire est strictement incompréhensible.
– Nous ne demandons qu'à vous l'expliquer, dit Auguste. Et d'ailleurs nous avons traversé l'Atlantique pour cela.
– Eh bien, allez-y.
– C'est que c'est une longue histoire.
– Une très longue histoire, renchérit Aphanasie, sa jeune épouse que Franklin ne quittait plus des yeux.
– Elle traverse de nombreux pays, elle met en scène des drames et des passions violentes, elle se déroule chez des peuples lointains dont les cultures et les langues sont différentes de tout ce que l 'on connaît en Europe...
– Qu'à cela ne tienne! Au contraire, vous mettez mon intérêt à son comble...»

Comment un jeune noble né en Europe centrale, contemporain de Voltaire et de Casanova, va se retrouver en Sibérie puis en Chine, pour devenir finalement roi de Madagascar... Sous la plume de Jean-Christophe Rufin, cette histoire authentique prend l'ampleur et le charme d'un conte oriental, comme le XVIIIe siècle les aimait tant. 

Maurice Auguste Benjowski,
né en 1746 en Hongrie, mort en 1786 à Madagascar


Ce que j'en ai pensé : 

J'attendais avec une certaine impatience ce nouveau livre de Jean-Christophe Rufin, c'est un auteur que j'aime beaucoup et dont l'écriture me ravit.
Il renoue ici avec le roman historique d'aventures et offre une biographie romancée dans la même veine que Rouge Brésil ou L'abyssin et nous entraîne dans un tour du monde où les péripéties ne manquent pas !

Au-delà d'une narration toujours aussi maîtrisée et d'une histoire vraie (les écrits de Maurice Benjowski retraçant son incroyable périples sont encore édités aujourd'hui), l'auteur offre un regard philosophique sur la colonisation et le rapport aux indigènes, à la manière d'un Rousseau ou d'un Diderot.

Du récit fait à Benjamin Franklin, qui vieillit et s'apprête à laisser la place à Jefferson, par le comte hongrois et son épouse Aphanasie laisse entrevoir à la toute jeune Amérique indépendante les possibilités de développement que son aide apporterait à Madagascar alors peuplée de "sauvages". 
Ça n'est pas un réquisitoire pour la colonisation que présentent les deux époux mais une déclaration d'amour pour une île dans laquelle, malgré quelques "arrangements" diplomatiques nécessaires, les "bons sauvages" ne demandent qu'à être éclairés, comme cela s'entendait au Siècle des Lumières. Ardents lecteurs des philosophes du XVIIIème siècle, les Benjowski semblent avoir compris avant tout autre qu'asservir ne sert à rien, qu'éduquer en respectant l'autre (le différent, l'indigène, le colonisé) permet un échange productif.

Au-delà du côté forcément un peu romanesque (Rufin parvient toujours à glisser une amoureuse, ou en tout cas une femme "forte" dans ses récits), il y a encore, dans ce roman, matière à réfléchir sur les conquêtes des hommes, sur les territoires qu'ils convoitent et sur les motivations obscures qui les animent.

C'est, à nouveau, un beau roman, dans la lignée du Grand Coeur, un bijou d'aventure et d'histoire.   

1 commentaire:

  1. Un peu moins tentée par le côté historique mis j'aime aussi l'écriture de l'auteur.

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